La route Zérotracas
26 mars 2009
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Le téléphone portable


Le téléphone portable au volant


Les chiffres des abonnés au téléphone portable sont éloquents : 30 millions d'abonnés en France à la fin de l'année, alors qu'ils n'étaient encore que 10 millions au 1er janvier 1999.


Une explosion qui montre à quel point il s'agit là d'un véritable phénomène de société, et qui n'est pas sans répercussion sur nos comportements, notamment au volant. Dans 57% des cas, le lieu d'utilisation du téléphone portable est en effet la voiture. Lors d'un déplacement en voiture, le portable offre incontestablement une série d'avantages : il permet d'ajuster un rendez-vous, de régler une affaire urgente, de rester en liaison avec son bureau ou ses proches, de se faire indiquer un itinéraire, éventuellement d'appeler un service de secours ou de dépannage. Et pourtant, depuis trois ans environ, la plupart des autorités des pays industrialisés, et pas seulement en France, ont mis le portable au volant sur la sellette. Portable au volant, accident au tournant ?

Des études scientifiques pour mesurer l'impact sur la sécurité de téléphoner en conduisant.


La plupart des études scientifiques sérieuses sur la question proviennent du Canada ou des Etats-Unis. Elles ont toutes démontré l'existence d'un lien entre le fait de téléphoner en conduisant et l'accroissement du risque d'accident. Aujourd'hui, on estime globalement que ce risque est multiplié par 4, et qu'il est même multiplié par 6 en début de communication (les cinq premières minutes). Près de la moitié des conducteurs décrochent dans les deux secondes, c'est-à-dire dans l'urgence, en accordant la priorité à cette tâche. Et même une conversation banale diminue fortement l'attention portée à la conduite ; le regard se focalise sur le devant de la route, les temps de réaction augmentent et le conducteur regarde moins souvent dans ses rétroviseurs et sur les côtés. Une récente étude menée à Oxford a montré que l'utilisation d'un téléphone portable au volant a des effets sur la conduite qui sont comparables à ceux de l'alcool : lorsqu'il téléphone, le conducteur concentre son attention sur ce qu'il entend directement ; le décalage entre ce qu'il voit et ce qu'il entend perturbe fortement sa perception de l'espace. Conséquence : plus des 3/4 des conducteurs en train de téléphoner oublient de s'arrêter au passage piéton. A peine 1/3 se souviennent des panneaux de signalisation qu'ils viennent de croiser. Le véhicule a tendance à mordre plus souvent la ligne médiane et l'allure moyenne diminue. Le portable sur la sellette

En Chine, le portable au volant peut être puni de prison. Du coup, les pouvoirs publics sont en face d'un dilemme parfois cruel : faut-il ou non interdire le téléphone portable en voiture ?


La Suisse, Israël, le Brésil et l'Australie ont été parmi les premiers pays à introduire une législation allant dans ce sens. En Chine, les autorités locales, prises en tenaille entre le rôle socio-économique non négligeable du téléphone portable, et le nombre croissant d'accidents de circulation impliquant des usagers, notamment à Hong-Kong, ont d'abord tenté de jouer la montre, en conseillant aux automobilistes de s'arrêter avant de téléphoner et en recommandant fortement l'usage d'un kit dit mains-libres. Or, ce dispositif, qui a l'avantage de permettre au conducteur de garder ses deux mains sur le volant, ne diminue en rien la distraction et l'effet néfaste sur la concentration et l'attention. L'un des responsables de l'Association Automobile de Hong-Kong, Danny Chan Chi-yu, constatait même que, avec ce kit, les conducteurs s'absorbaient davantage dans leurs conversations, et pouvaient, encore 1/4 d'heure après avoir raccroché, présenter des signes de distraction manifeste. Depuis, téléphoner au volant est même passible de peine de prison dans certaines villes chinoises. Le cas français

Savoir se conduire de manière responsable.


En fait, de même qu'on ne cherche pas, sur son autoradio, sa station préférée en effectuant un dépassement, ou qu'on n'attrape pas un objet dans sa boîte à gants en plein milieu d'un carrefour, on ne se sert pas d'un téléphone portable en voiture sans acquérir certains réflexes de bon sens, comme par exemple celui d'attendre un arrêt pour composer un numéro. La première des règles est avant tout d'être bref, et de limiter la conversation au strict nécessaire. Dire que l'on est au volant et proposer de rappeler une fois que l'on s'est arrêté est la solution idéale pour régler une question qui réclame une attention soutenue. Car si l'on peut modifier l'heure d'un rendez-vous lorsqu'on est au volant, il est par contre impossible d'envisager conclure une négociation. La meilleure attitude est de mettre à profit les fréquents arrêts qui entrecoupent un trajet en voiture et de passer ses coups de téléphone aux stations services et aux aires de repos. Pour que le portable soit supportable et cesse de faire des dégâts

Il n'est pas question de nier l'intérêt du téléphone portable, surtout sur la route, où il peut rendre de grands services, pour prévenir les secours en cas d'accident ou téléphoner à un dépanneur



Il est d'ailleurs fortement conseillé à tous les automobilistes qui s'apprêtent à effectuer un long trajet d'emmener un téléphone portable chargé. Mais pour ne conserver que les aspects positifs du portable, il est impératif de respecter quelques règles de sécurité : couper la sonnerie lorsque l'on roule, brancher sa messagerie, et s'arrêter dans un lieu adapté pour téléphoner ou écouter les messages. C'est-à-dire ni sur la bande d'arrêt d'urgence lorsqu'on est sur l'autoroute, ni en double file ou au feu rouge lorsqu'on est en ville. Si ces quelques principes sont respectés, alors le téléphone portable ne restera pas une mauvaise affaire pour la sécurité. Focus
Le portable et vous

Sylvain Deshayes, journaliste à 60 millions de consommateurs :
Il n'y a pas de polémique autour du problème posé par le téléphone portable au volant : personne ne peut nier que c'est réellement dangereux. A chaque fois que 60 millions publie un test comparatif de téléphone portable, nous nous faisons écho des recommandations de la sécurité routière : débrancher le portable, utiliser renvoi d'appel et messagerie.

M. Samoyault, secrétaire général du SIS-TRIS, Fédération Nationale des Transporteurs Routiers
Le portable est certes très pratique pour rompre l'isolement auquel sont soumis les routiers. Mais nous sommes tous extrêmement sensibles aux problèmes de sécurité posés par son utilisation au volant ; nous mettons actuellement en place des plans de prévention, et incitons les entreprises de transport routier à modifier leurs procédures de transmission de consignes aux chauffeurs.

Jean-Pierre, 29 ans, commercial en téléphonie
C'est clair, c'est un outil indispensable : je suis tout le temps sur la route. Entre mes clients, mes collègues et ma famille, je téléphone beaucoup. Mais seulement sur autoroute et j'évite maintenant de téléphoner lorsque la circulation est trop dense, en ville ou sur nationale : malgré mon kit mains-libres, je me suis fait une belle frayeur une fois, ça m'a suffit.

Christophe, 37 ans, chauffeur routier
Je l'utilise énormément, c'est un outil formidable. Par contre, c'est indéniable que même un conducteur aguerri fait moins attention lorsqu'il téléphone je le sens pour moi, je regarde moins dans les rétro, j'anticipe moins. En fait, maintenant, je recherche rapidement un parking lorsque je veux téléphoner. Lorsqu'on m'appelle et que je sens que ça va durer, je demande qu'on me rappelle pour que j'ai le temps de me garer.


(L'amende forfaitaire est de 35 euros avec un retrait de 2 points.)


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