L'alcool au volant

31 mars 2009

voiture

santé

"Un accident mortel de la circulation sur 3 a l'alcool pour origine"

Docteur Charles Mercier-Guyon, du Centre d'Etudes et de Recherches en Médecine du Trafic à Annecy

L'alcool a 2 effets différents sur l'organisme.
l'effet sédatif qui intervient dès 0,20 – 0,30 g/L. Au delà, l'alcool ralentit les réflexes et perturbe la coordination. Et selon la quantité d'alcool absorbée, cela peut aller jusqu'à un rétrécissement du champ visuel ou la perte de la faculté d'analyse.

Le deuxième effet, c'est la désinhibition du comportement, la perte de l'autocontrôle, qui accroît les risques. Le premier effet d'une prise d'alcool, avant même l'apparition de l'effet sédatif, c'est l'augmentation de la vitesse spontanée. Un verre et demi, et on accélère pour passer un feu orange qu'on aurait probablement marqué à jeun.

Au delà de 0,20 g/L, on a donc une combinaison entre une diminution des capacités de réaction et une augmentation de la prise de risque.

Ces effets interviennent rapidement (ils sont maximaux 20 minutes après la prise d'alcool) et disparaissent lentement, au rythme d'une diminution du taux d'alcoolémie de 0,10 – 0,15 g/L par heure. Ainsi, un conducteur à 1 g/L devra attendre plus de 10 heures avant que son alcoolémie soit de nouveau proche de 0. Ce qui explique les risques de contrôle positif au matin quand on sort d'une cuite la veille.

De même, la prise d'aliments écrête le pic d'alcoolémie – on monte moins haut mais on met plus de temps à redescendre, parce que l'assimilation des aliments ralentit l'élimination de l'alcool. Ce phénomène est à l'origine d'une légende dangereuse, qui affirme que l'alcool fait moins d'effet si l'on mange en buvant. Ce qui est faux – manger atténue certes légèrement les effets, mais prolonge grandement leur durée.

La lutte contre l'alcool au volant doit se fixer plusieurs objectifs.
Elle passe d'abord par l'abaissement de la consommation moyenne des gens chez qui la prise d'alcool est quotidienne. Au delà d'un demi-litre d'équivalent vin par jour, on fait partie de la catégorie des gens qui peuvent avoir un problème d'alcool quel que soit le moment où ils prennent le volant. Ca dépasse le cadre de la sécurité routière, c'est un problème de santé publique.

Deuxièmement, en ce qui concerne les gens qui ont bu de manière manifeste et qui sont au dessus du seuil légal, il faut qu'ils s'abstiennent de conduire. En Angleterre, un conducteur qui sort d'un pub avec un coup dans le nez laisse sa voiture et prend un taxi. En France, celui qui sort du bistro en ayant trop bu, il veut quand même ramener sa bagnole. Sinon, il se sent minable. Ce qui est minable, c'est qu'il ramène sa voiture en étant bourré. Taxi, conducteur désigné, transports en communs, il y a pourtant des solutions.

Cela inclut le problème de la consommation sociale, et notamment chez les jeunes, pour qui les sorties de boîtes le week-end sont des situations à risques. Avec ce type de consommation récréative, on constate que les jeunes ne s'alcoolisent que pour les sorties. Et la solution, pour ces conducteurs qui sont au Coca toute la semaine et qui se défoncent la tête le samedi soir, c'est la promotion du système du conducteur désigné. Avant même de commencer à boire, on désigne une personne qui restera sobre pour conduire les autres. De la sorte, personne ne conduit plus après avoir bu.

Enfin, il y a les gens qui conduisent beaucoup, les conducteurs professionnels mais aussi ceux qui s'apprêtent à faire un long trajet. Pour eux, on doit arriver à la tolérance zéro. Les 4 verres de vin à midi pour un chauffeur, c'est de l'inaptitude professionnelle. Et quand on fait 800 kilomètres pour descendre en vacances avec la famille, on ne cherche pas les ennuis : si on s'arrête sur le trajet pour manger, c'est zéro verre de vin et de l'eau au menu. Il faut prendre l'habitude de ne pas boire du tout avant un long trajet ou un trajet professionnel.