La route Zérotracas
30 novembre 1999
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Le permis à un euro.

Le permis de conduire est devenu plus difficile que le bac, titrait récemment un grand hebdomadaire. Il est vrai que l’Etat a rendu plus exigeante l’épreuve de conduite, notamment en l’allongeant. On ne peut que se réjouir que les nouveaux conducteurs sachent mieux circuler. Mais le coût de la formation tournant au final autour de 1500 euros, ce sésame souvent indispensable pour trouver un emploi devient alors inaccessible.

C’est pourquoi les pouvoirs publics ont lancé « Le permis à un euro par jour » pour les jeunes. Il n’est plus indispensable de casser sa tirelire pour passer le permis. Mais avant de vous endetter, Zérotracas.com vous explique le fonctionnement de cette mesure !

Vous souhaitez faire partie des 700 000 personnes qui, chaque année, obtiennent le permis ? Vous ne savez pas comment vous payer la formation ? Vous avez entendu parler du permis à un euro ? Vous voulez savoir comment ça marche et qui y a droit ?

Zérotracas.com vous livre les réponses à toutes vos questions :

C’est quoi le permis à un euro ?

Il s’agit d’une mesure gouvernementale dont le but est d’aider les jeunes à financer leur formation à l’examen du permis de conduire. Elle ne concerne que le permis B, c’est-à-dire véhicule de tourisme (les voitures, si vous préférez). Les autres permis (moto, poids lourds…) n’entrent pas dans le cadre de cette mesure.
Le « permis à un euro par jour », initiative de Jean-Pierre Raffarin, ex-Premier Ministre, existe depuis début octobre. Initialement, ça devait être le 1er juillet, mais bon…

Comment ça marche ?

Le permis à un euro par jour n’est en fait qu’un prêt aidé, sans frais et dont la totalité des intérêts est prise en charge par l’état. Une banque avance de l’argent pour payer l’auto-école et le candidat rembourse à raison d’un euro par jour (soit 30 euros par mois) la somme empruntée à 0%.

À qui s’adresse le permis à un euro par jour ?

À tous les jeunes de 16 à 25 ans maximum au moment de la signature, sans condition de revenus. Enfin presque, car le dossier de prêt peut être rejeté par la banque qui a besoin de garanties et réclame une caution.
On peut regretter que cette mesure ne soit pas accessible à des gens plus âgés pour lesquels le coût de la formation à la conduite est un problème. Il leur est toujours possible de contracter un prêt non-aidé (c’est-à-dire qu’ils remboursent eux-mêmes les intérêts) pour préparer leur permis.

Combien peut-on emprunter ?

800, 1000 ou 1200 €, remboursables sur 27, 34 ou 40 mois, à raison de 30 euros chaque mois. Les jeunes ayant un apport personnel ou bénéficiant d’une aide spécifique de l’Etat  (en général 200 euros) peuvent contracter un prêt de 600 euros, remboursable sur 20 mois.

Comment est déterminée la somme à emprunter ?

L’auto-école auprès de laquelle l’apprenti conducteur prend rendez-vous estime le temps nécessaire à son apprentissage. Le nombre d’heures prévues détermine le prix de la formation. Mais le coût dépend aussi de l’apport personnel de chaque candidat.
Si vous pouvez casser votre tirelire et mettre 600 euros au pot, vous emprunterez moins que si vous n’avez pas un sous. Cela dit, comme le prêt est gratuit, vous avez tout intérêt à garder vos économies.
Le prix fixé avec l’auto-école est immuable et n’est aucunement une garantie de succès. Il prévoit une quantité « suffisante » de cours de code et de conduite ainsi que les coûts d’inscription à l’examen.

Peut-on choisir n’importe quelle auto-école ?

Non. Elle doit avoir adhéré au projet. La liste des écoles se trouve sur le site www.permisauneuroparjour.fr. Les auto-écoles partenaires sont nombreuses, mais dans certaines villes, il n’y en a pas. Dommage. Cela dit, certaines peuvent adhérer à l’opération plus tard.
Le contact avec l’auto-école est le premier pas à faire pour entrer dans l’opération. Muni de son devis personnel et de « sa charte du jeune conducteur », le candidat pourra aller voir une banque.

Et n’importe quelle banque ?

Non plus. L’établissement préteur doit également être partenaire. La plupart des grandes banques (et certaines compagnies d’assurance ayant passé un accord avec des établissements de crédit) y participent. C’est en effet un excellent moyen pour elles d’attirer une nouvelle clientèle.
La liste des banques participantes est consultable sur le site sus cité.

Comment faire pour emprunter ?

Même s’il est aidé, il s’agit d’un prêt normal. L’emprunteur doit donc fournir à la banque des « biscuits » pour qu’elle l’accepte : fiches de paye ou avis d’imposition s’il y en a, caution d’amis ou de parents…
La banque, toujours soucieuse de récupérer ses deniers, est en droit de refuser le prêt si elle juge les garanties insuffisantes. Le gouvernement a prévu des aides spécifiques pour permettre aux jeunes les plus démunis d’accéder à la formation et de limiter la somme empruntée.
Pour les mineurs, les parents sont obligatoirement emprunteurs.
Si le prêt est accordé – ce qui devrait être à peu près la norme -, le candidat dispose d’une période de 7 jours pour y renoncer. C’est la loi des crédits.

Comment se passent les remboursements ?

Ils débutent le mois suivant la signature du contrat, à raison donc de 30 euros par mois à quelques centimes près, jusqu’au remboursement intégral de la somme empruntée.
Il est possible d’effectuer des remboursements anticipés de tout ou partie des sommes restant dues, et ce sans pénalité. Mais comme le crédit est gratuit, on ne voit pas l’intérêt (ceci est un conseil et un jeu de mot).
Attention, c’est un crédit normal qui engage comme n’importe quel prêt. S’il y a un défaut de remboursement, la banque peut exercer tous les recours qu’elle réserve aux mauvais payeurs : saisie, blocage du compte, signalement à la Banque de France, interdiction bancaire…

Comment se déroule la formation ?

De façon très normale. Le devis de l’auto-école a prévu des cours de formation théorique (le code), des heures de conduite et a inclus les frais d’examen.
Lorsque vous aurez réussi le code, vous passerez à la conduite jusqu’à l’épuisement de votre crédit d’heures. Vous vous présenterez alors à l’épreuve pratique.
Si vous réussissez l’examen, votre permis sera comme tous les nouveaux permis : probatoire, avec 6 points seulement pendant 3 ans. Si vous avez suivi l’Apprentissage Anticipé de la Conduite (AAC), parfaitement compatible avec le permis à un euro, la période est réduite à 2 ans (voir notre article sur le sujet).

Et si on rate son permis ?

On le repasse, mais à ses frais. On ne peut obtenir qu’un seul prêt aidé. Cela dit, il va du sérieux de l’auto-école d’avoir su anticiper le besoin de formation. Mais l’erreur est humaine et les examinateurs sans pitié.
En cas d’échec, la suite de votre avenir routier sera à la charge de votre porte-monnaie sans autre aide possible. Cela dit, quelques heures de plus et ça devrait passer…

Peut-on interrompre la formation ?

En cas de problème grave ou majeur (maladie, déménagement), l’auto-école doit rembourser les sommes non dépensées, normalement sans pénalité.
En revanche, si vous décidez d’arrêter sur un coup de tête ou de changer d’auto-école en cours de route, celle-ci peut appliquer une retenue de 10% sur les sommes restant dues.
De toute façon, à aucun moment l’argent ne passe par les mains du candidat. La banque verse la somme à l’auto-école et, éventuellement, l’auto-école transfère l’argent à une autre ou rembourse la banque.

Alors, le permis à un euro est-il une bonne idée ?

Oui, comme tout ce qui facilite l’accès du plus grand nombre à la formation. Comme il s’agit d’un crédit gratuit, on ne saurait trop vous conseiller d’y avoir recours si vous le pouvez.
Si vous êtes en apprentissage, renseignez vous aussi sur l’aide spécifique que l’état semble prêt à vous consentir. Ces aides, dont la mise en œuvre devrait intervenir début 2006, seront financées par l’argent récolté par les radars.
Puisqu’on en est à parler de financement, signalons que les détracteurs du projet considèrent que l’Etat fait un cadeau aux banques en remboursant les intérêts et en leur amenant une clientèle. Même si ces arguments tiennent parfaitement la route, réjouissons nous tout de même qu’un pas soit fait en direction des trop nombreux jeunes pour qui le permis est inaccessible. Et espérons surtout que cette mesure touche aussi tous ceux qui roulent déjà, mais sans permis !

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Nouveau : Zérotracas.com vous ouvre une tribune d’expression sur le permis à un euro : coup de pub ? Coup de bluff ? Cadeau du gouvernement aux banques qui encaissent les intérêts ? Vraie bonne idée pour aider les jeunes ? Bonne formule de financement ? On vous écoute sur le ZTBlog.com
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NB : pour plus d’infos, certains sujets évoqués ici (ASSR, AAC, permis à points, seniors…) ont fait l’objet d’articles plus complets. Utilisez notre moteur de recherche ci-dessous pour les retrouver.

Zérotracas.com - Novembre 2005

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