La route Zérotracas
26 mars 2009
vélo 
innovation 

Le vélo nouveau est arrivé.

Le Mondial du 2 roues 2007 vient de fermer ses portes à Paris. Bien que moins démesuré que celui de l’automobile, ce salon donne l’occasion aux constructeurs et équipementiers de faire étalage de leur savoir-faire. Si les halls 1 et 2 étaient réservés aux motos, scooters et autres quads, avec comme pour la voiture l’arrivée massive des constructeurs chinois, coréens et taiwanais, le salon international du cycle occupait tout le hall 3. Et le secteur se porte bien avec 3,5 millions de vélos vendus en 2006 en France !

Comme son usage augmente, notamment en ville, Zérotracas.com a arpenté les allées du salon à la recherche des nouveautés et des tendances. Aucun doute, l’avenir est électrique… et la sécurité un peu négligée. En piste.

Bêtes de course, bêtes de somme et bête tout court.

Les amateurs de vélos sportifs en ont pris plein les yeux. Sublimes cadres en carbone, légers comme des plumes, pédaliers « à trains épicycloïdaux » (pour un tour de pédale, le plateau fait un tour et demi), fourches déportées, roues lenticulaires… Les constructeurs font rêver les cyclistes du dimanche avec leurs bêtes de course pour transpirer sur la route.

Du côté de la bicyclette comme moyen de locomotion, la tendance est plutôt au moindre effort. Le VAE (Vélo à Assistance Electrique) est en plein boom. La plupart des constructeurs (sauf ceux spécialisés dans le vélo de course) proposent au moins un modèle assisté et certains ne produisent que des VAE. Cette nouvelle facilité de pédaler entraîne l’émergence d’autres véhicules : tricycles utilitaires pouvant transporter plus de 200 kg ou étonnantes voiturettes à pédales pour 4 personnes...
En revanche, nous avons trouvé fort idiot que la sécurité passe après les performances et suscite aussi peu d’idées nouvelles.

Des vélos plus sûrs…

Pour la sécurité active, les constructeurs ont d’abord travaillé sur le freinage. Beaucoup de vélos sont aujourd’hui équipés de freins à disque ou à tambour, plus efficaces que les patins sous la pluie. Côté éclairage, la dynamo intégrée dans le moyeu évite le frottement et l’éclairage s’en trouve amélioré. Les LED, qui fournissent la lumière, sont souvent temporisées pour rester éclairées lorsque le vélo est arrêté. Autre axe de progrès, les dérailleurs, tous commandés depuis le guidon - ce qui évite de le lâcher - ont fait d’énormes progrès. Certains (le « nexus » de Shimano qui équipe les Vélib) permettent même de passer les vitesses à l’arrêt.

Les vélos vendus en France doivent répondre à des critères bien précis, souvent européens, et être homologués par l’un des quatre laboratoires agréés. Ils y subissent des « torture-tests » et même des « crash-tests » afin d’éprouver la solidité de tous les composants. Mais méfiez vous des bicyclettes bradées vendues en promotion dans les hypermarchés. Souvent venues de Chine, elles sont certes peut être passées par l’homologation, mais peuvent présenter un danger dans une situation d’urgence (fiabilité douteuse).

Mais des cyclistes peu protégés.

Quant à la sécurité passive (en cas de chute), pas grand-chose, hormis les inévitables et indispensables casques. Seuls les cascadeurs en BMX ont droit à de vraies protections. Le cycliste de base se débrouille. Pourtant, même pour un usage urbain, il n’est pas difficile de pousser le port de gants et de chaussures fermées.

Pire : alors que la plupart des accidents graves ont lieu sur route, beaucoup de casques ou de vêtements de cyclistes – pourtant hyper-technique avec des matières respirantes – ne possèdent même pas de bandes réfléchissantes ! Ce serait bien que les fabricants réfléchissent un peu, eux aussi !

Pourtant, les bonnes idées existent pour sécuriser les cyclistes (simple gilet réfléchissant comme les 10 000 que Zérotracas.com a distribué à Paris le 24 septembre dernier, ou gilet à LED intégré) et adopter les bons comportements : informations sur les règles de circulation (voir notre article), vélo-écoles, ou vélobus (convoi de vélos pour emmener les enfants à l’école).

Bien sûr, il y avait le stand Vélib et sa plaquette sur le comportement en ville. Et puis quelques associations, comme la Fubicy, ou des fédérations (celle du cyclotourisme) qui publient des informations pour rouler en sécurité. Mais les pouvoirs publics (police, sécurité routière…) ont préféré consacré leurs efforts aux 2 roues motorisés, de fait beaucoup plus accidentogènes que les vélos.

Pour finir sur une note positive en matière de sécurité, celle contre le vol, fléau du vélo en ville, s’améliore. Certains antivols résistent aux pinces-monseigneur (comptez tout de même 30-40 € pour un bon U allemand de la marque Abus) et la Fubicy développe son système de marquage des vélos. Grâce à un numéro gravé sur le cadre et archivé dans une base transmise à la police, le vol et le recel de bicyclette vont devenir plus compliqués.

Rouler à la fée électrique.

Nous n’y couperons pas et tant mieux : dans quelques années, les VAE sillonneront nos villes. L’offre de ces vélos est aujourd’hui importante (une cinquantaine de modèles et même des pliants) et leurs caractéristiques sont bien précises. Un VAE reste dans la législation des vélos et ne nécessite ni assurance ni d’immatriculation. Ainsi, leur puissance est limitée : 250 watts, 25 km/h maximum et déclenchement de l’assistance uniquement en pédalant. Il existe des vélos équipés de moteur plus puissant, comme les impressionnants modèles Tidalforce, une très belle marque américaine rachetée par Matra. Mais, dès que l’on dépasse le 250 W ou que le moteur est commandé indépendamment des pédales, ces vélos deviennent des vélomoteurs et nécessitent donc BSR (Brevet de Sécurité Routière), casque, immatriculation et assurance. C’est pourquoi Matra a ramené la puissance de ces superbes vélos cruiser aux normes françaises, tout en les dotant d’un couple impressionnant.

Normalement le VAE devrait convaincre les réticents à se remettre en selle. La facilité de pédalage est stupéfiante, le moindre freinage coupe le circuit et, après quelques tours de roues pour se mettre la bécane en main, un VAE se manie… comme un vélo ! Les VAE sont mus par un moteur placé dans le moyeu de la roue arrière et alimentés par une batterie, souvent au plomb. Malgré leur mauvaise réputation, ces batteries peu chères ne sont pas particulièrement polluantes, pour peu qu’on les recycle convenablement. En revanche, elles sont plus lourdes et s’épuisent plus vite que les modèles au lithium. Une batterie au plomb coûtent entre 150 et 300 € et se recharge 300 fois environ. Pour deux fois plus d’euro, une lithium supportera plus de 1000 cycles. Tout dépend de l’entretien que vous y apporterez : certaines batteries se conservent mieux vides, d’autres pleines. Renseignez vous bien. Les batteries sont toutes amovibles et se rechargent sur le secteur. Signalons que Matra – encore eux – propose un vélo dont la batterie se recharge en descente et lors du freinage.

On trouve des VAE à partir de 800 €, mais ils peuvent peser près de 50 kg et devenir impossible à manier lorsqu’on est en panne de batterie. Les modèles en aluminium, à partir de 1 200 € (et jusqu’à 2 500 et plus), sont plus légers. Les prix varient aussi avec l’équipement, le fait de pouvoir doser la puissance (et donc l’autonomie, entre 30 et 80 km) du moteur.

Et si vous optez pour un VAE, réfléchissez à l’endroit où vous aller le garer. À ces niveaux de prix, on n’aimerait pas que vous vous le fassiez voler le premier jour.

Electro et écolo.

L’arrivée d’une énergie annexe sur les cycles ouvre de nouveaux développements. Ainsi, les anciens triporteurs ont tout intérêt à passer à l’électricité. Equipé de moteur, le tricycle devient un petit utilitaire capable de transporter jusqu’à 100, voire 200 kg. Nul doute que, dans les prochaines années, nous verrons de plus en plus de ces drôles de vélos présents au salon assurer les livraisons et les nettoyages dans les centres-villes.

Mais certains vont plus loin. Une jeune société cherche des partenaires pour développer son EasyV, un nouveau moyen de transport urbain capable d’emmener une petite famille de 4 personnes à 25 km/h grâce au coups de pédale (assistés) du papa. Cette jolie voiturette à pédales fabriquée en matériaux recyclables pèse une soixantaine de kilos et peut rouler longtemps si on l’équipe de 2 ou 3 batteries. Et n’allez pas croire qu’il s’agisse d’une idée d’illuminés. En version taxi, ce type de cyclo roule déjà dans certaines grandes villes.

Mais l’électricité n’est pas l’apanage du vélo. Dans les halls réservés à la moto, de nouveaux scooters électriques rivalisaient avec les gros cubes. Nous aurons sans doute l’occasion de reparler de cyclos électriques dans un prochain article, mais signalons deux modèles particulièrement marquants. D’abord le e-solex, une lecture design et électrique de l’antique solex. Contrairement au modèle original dont il conserve le look en le modernisant, le moteur (électrique donc et en entraînement direct) est placé dans la roue arrière. Comptez moins de 1 200 € pour cette monture, délicieusement vintage et moderne. Résolument futuriste bien qu’également muni de pédales, le MS1 de Matra (décidément) est un VAE beaucoup plus performant, qui entre dans la catégorie des cyclomoteurs. Ce très bel engin capable de vous emmener à 45 km/h (voire plus si on pédale) devrait être disponible en 2008 pour plus de 3 000 €. Le tout en silence et sans émission de CO2, bien sûr.

Les petits détails qui changent la vie.

Retour au salon du vélo pour une revue des innovations qui rendent plus belle la vie du cycliste. Nous ne nous attarderons pas sur les profilés et les performances des cadres de compétition, mais plutôt sur les nouveautés destinées à monsieur et madame tout le monde.

Pour éviter le cauchemar graisseux de la chaîne qui déraille, les nouvelles ne nécessitent aucune lubrification et ne tâchent donc pas. D’autant que l’arrivée de dérailleurs intégrés dans le moyeu limite les risques de déraillement. Ils ont aussi permis d’adapter à certains vélos urbains la technologie du cardan, un axe qui transmet l’énergie des pédales à la roue dans un bain d’huile parfaitement étanche.

Toujours dans la rubrique « le vélo sans souci », les pneus increvables GreenTyre. D’un poids équivalent à un pneu ordinaire, ce sont des rondelles en polyuréthanne microcellulaire qui s’adaptent à toutes les jantes. Pas d’air, pas de crevaison, mais un rendement et un confort inférieurs aux modèles classiques. Les pneus Schwalbe, sans être increvables, proposent eux une résistance accrue grâce à la combinaison de trois composants.

Pour les fesses sensibles, signalons les selles révolutionnaires de la marque Proust qui garantissent un confort parfait.

Côté pratique, nous vous recommandons l’antivol de cadre (parfois monté en série sur les vélos haut de gamme), et le speed lifter. Ce système a deux avantages : il permet de régler facilement la hauteur du guidon et surtout, de le positionner dans l’axe du cadre pour ranger le vélo plus facilement.

Terminons cette revue de détail par quelques modèles pliants (comme le beau et léger Strida : 9,5 kg) et fantaisistes, à l’image du Street Runner, où la roue avant a été remplacée par une sorte de patin à roulettes montées sur gel amortissant. Un vélo pour ceux qui aiment le fun et la glisse, très pratique, paraît-il, pour descendre des escaliers !

Conclusion

À l’issue de notre visite, on est certain que le vélo à encore de beaux jours devant lui. D’autant que l’émergence de l’électricité (et la montée du prix du pétrole) devait lui offrir un nouvel âge d’or. Reste à souhaiter que les pouvoirs publics poursuivent leurs efforts d'aménagement d'espaces de circulation adaptés à son usage et à sa sécurité et que des actions de sensibilisation et de prévention aux risques continuent à être réalisées tant auprès des cyclistes que des autres usagers de l'espace routier urbain pour que chacun puisse profiter du vélo en toute sécurité.

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