La route Zérotracas
21 octobre 2010
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Mondial 2010 : on a essayé la voiture électrique

A l’arrêt, un merveilleux silence. Si le tableau de bord ne s’était pas éclairé, on douterait que le moteur soit prêt à partir. Un léger appui sur l’accélérateur confirme que « oui » et, dans un imperceptible feulement, la Fluence s’élance. Passés les 30 km/h, même silence mécanique, mais les bruits de roulement se font plus présents. Question : comment entendre une voiture silencieuse lorsqu’on est un piéton ? Zérotracas.com a essayé la Fluence de Renault et tenté de savoir si la révolution de la voiture électrique n’aillait pas rendre les routes plus dangereuses.

mdialUne voiture presque comme les autres. Extérieurement, rien ne distingue la version électrique de la Fluence - dite ZE, pour Zéro Emission – des modèles thermiques. Une berline 5 portes-5 places classique (avec un petit coffre), équipée de tous les équipements de sécurité de sa gamme familiale : air bag, ESP, ABS, régulateur de vitesse… Avec un châssis sans soucis et une pointe volontairement bridée à 135 km/h pour préserver l’autonomie (plus ou moins 160 km selon la conduite), on roule dans la Fluence en parfaite sérénité. Mais autour ?

En ville, la voiture est d’une discrétion de moine en dessous de 30 km/h ; à peine plus bruyante qu’un vélo, mais un vélo à 4 roues, de 4,60 mètres et pesant près de 1,3 tonne ! Autant dire qu’un piéton distrait ne ferait pas le poids. Culturellement, on est habitué à ce qu’une voiture soit bruyante. Dans quelques années, les repères auront sans doute changé mais, en attendant, les constructeurs se sont posés la question – paradoxale - de rendre audibles leurs si silencieuses voitures sans passer par l’agressif coup de klaxon. Toyota et Nissan ont opté pour un sifflement qui signale la voiture. Renault travaille avec le célèbre IRCAM (Institut de Recherche Acoustique et Musical) pour donner « une voix » à sa Fluence. Tintement comme un tramway ? Gazouillis d’un oiseau ? Craquements de crécelle ? On ne sait pas encore ce que les chercheurs acousticiens inventeront pour habiller le silence de la Fluence. Mais nul doute que ce son servira aussi les conducteurs pour leur rappeler qu’en ville, même en électrique, on ne doit pas dépasser les 50 km/h. Car avec son silence de Rolls, son accélération franche et la disponibilité immédiate du couple, la Renault ZE pourrait inciter, en toute discrétion, à « envoyer ». Toutefois, la linéarité, la suavité et le frein moteur naturel de cette voiture amène une conduite apaisée, comme pour ne pas rompre le charme.

Réalités, limites et promesses

voitureelectriqueLa Fluence ZE, fabriquée en Turquie, n’est pas un prototype. Dès 2011, elle sera disponible dans les concessions Renault pour un prix équivalent au modèle diesel (soit autour de 21500 €), déduction faite des aides gouvernementales (5000 €). Si, en moyenne, une voiture ne parcourt que 40 km par jour, on pourrait imaginer que les 160 disponibles seront suffisants pour un usage quotidien. Mais il faudra s’organiser. Car même si le freinage permet une petite récupération de charge, le niveau baisse vite. Et il faut rester branché 8 heures à la maison pour remplir complètement les batteries, ou 30 minutes dans les bornes rapides pour récupérer 80% de charge. Encore peu nombreuses, ces nouvelles stations devraient vite se développer. Renault Nissan a signé des partenariats (avec les Centres Leclerc et la Communauté urbaine de Rouen, entre autres) pour créer des zones de recharge. Un plein coûterait autour de 2 €, sauf si, comme le promet EDF, l’électricité augmente encore. A ce prix raisonnable, il faut tout de même ajouter la location mensuelle des batteries (une petites centaine d’euros), ce qui met finalement l’utilisation d’une Fluence ZE au prix d’un petit diesel. Pour les plus longs trajets, Renault et la société Israélienne Better Place, pionnier de l’électrique dans un petit pays adapté à l’autonomie électrique, ont développé le système Quick Drop. Il s’agit toute simplement de remplacer, en quelques minutes, les batteries vides par des pleines. L’ordinateur de bord de la Fluence jauge l’autonomie théorique, conduit le conducteur vers le Quick Drop le plus proche, et prévient de son arrivée pour que les piles neuves soient prêtes. Pour les vacances, qui peuvent sembler un peu délicates en électrique, Renault proposera aux acheteurs de Fluence des tarifs préférentiels pour louer, pendant 2, 3 ou 4 semaines, une voiture thermique équivalente.

Conclusion : en watt et en voiture

Renault, qui vendra aussi deux autres voitures ZE en 2011 – la Zoé, une Clio électrique et un utilitaire Kangoo – estime que 10% du parc automobile pourrait être convertis en 2020. Peugeot, Citroën, Nissan, Volvo et bientôt la plupart des constructeurs vont s’y mettre, à ça ou à l’hybride. C’est l’avenir, ou du moins l’un des avenirs possibles du déplacement individuel. Les grands devront aussi ferrailler avec de plus petits fabricants qui, déjà, proposent des citadines électriques. Mais si la demande est là, l’offre suivra… A moins que ne soit le contraire.

Toujours est-il que nous devrons nous habituer à compter notre consommation en kilowatt/kilomètre, et à voir venir ces voitures pour ne pas qu’elles nous écrasent.





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